La volonté de l’Etat
de mettre fin à la mendicité des enfants dans le pays n’est pas une guerre
contre l’Islam, ni contre quelqu’un, selon Serigne Moustapha Bassirou Mbacké
. Il
invite le Pouvoir à prendre des mesures contraignantes pour sortir les petits
des griffes de leurs exploitants, quitte à les récupérer et les placer dans les
Daaras classiques.
| Sérigne Moustapha Bara Mbacké |
Par Mamadou Lamine BA
« Quand l’Etat interdit la mendicité, il ne s’attaque ni
à la religion, ni à un maitre coranique. Il n’exige non plus de renvoyer les
gens vers les zones rurales. C’est juste qu’il n’est plus acceptable et
tolérable d’exploiter économiquement des enfants par des adultes sans scrupule.
Nous ne sommes plus dans cette époque », a soutenu Serigne Moustapha Bassirou
Mbacké.
Il appelle les ces maitres coraniques à chercher de quoi se
nourrir et faire manger ces enfants sans les exploiter comme des esclaves.
« J’invite l’Etat à prendre des mesures dissuasives et contraignantes pour
revaloriser l’image du Sénégal. La majorité des maitres coraniques qui
exploitent ces petits enfants sont des non sénégalais… Il y va de l’image de
notre pays », a-t-il affirmé.
Pour lui, la maltraitance et l’exploitation d’un individu,
qui plus est un gamin, sont révolues. On
peut enseigner sans peiner. « On ne peut pas éviter entièrement la fatigue
parce le savoir ne s’acquiert pas dans la facilité. Le Coran est la parole de Dieu…
L’inculquer à quelqu’un nécessite des efforts mais pas le soumettre à des
conditions inhumaines et insupportables », a-t-il exprimé.
Il propose la récupération des enfants utilisés par des
maitres coraniques et leur placement dans les Daaras classiques. « A
Cokki, à Touba, à Médina Baye, à Kossy, à Tayba Niasséne, à Tivaouane, à Médina
Gounasse, au Fouta, entre autres
endroits où il y a de grandes écoles coraniques, les enfants ne sont pas
soumis à ces labeurs », a soutenu Serigne
Moustapha Mbacké.
Pour lui, s’installer dans la capitale, à tout prix, sans
moyens ni logements, cache des ambitions. « Moi, j’ai appris dans la
campagne. On cultivait les champs et on vivait de ce qu’on récoltait. Les
travaux étaient bien répartis, en fonction de l’âge. Nous, par exemple, ne
portions que l’eau aux champs. Les grands talibés cultivaient la terre »,
renseigne le Mbacké-Mbacké.
Les gens, à son avis, ne peuvent plus, surtout dans une
ville comme Dakar, de voir souffrir des enfants. « On peut, à la limite, demander une
aide au gouvernement. Mais si tout le monde fait autant, ça ne pourra pas
prospérer », avance t-il, tout en se démarquant des adultes qui
« envoient des enfants quémander cent, deux cent francs à d’autres adultes
dont certains ne se privent pas de les abuser ».
M. Mbacké a affirmé qu’il y a plusieurs façons de mendier,
rappelant qu’on faisait mendier les petits talibés parce qu’il n’y avait pas assez
à manger chez le maitre ou pour l’éduquer, afin qu’il ne se croît pas plus
important que ses semblables… Ce que l’on constate à Dakar, à son avis, avec
des enfants de moins de trois ans qui mendient tous les jours, côtoyant des dangers, n’est
pas acceptable.
« La mendicité n’était pas
pratiquée pour se remplir les poches. On demandait de quoi manger et on se le
partageait dans la daara puis on retournait à nos tablettes pour apprendre…Je
ne suis pas d’accord avec ça parce que Serigne Touba ne l’a pas fait et ne l’a
jamais recommandé. Envoyer un enfant cherché de l’argent n’est pas une pratique
tolérable », martèle M. Mbacké.
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