mardi 1 avril 2014

LUTTE CONTRE LA MENDICITE DES ENFANTS: Serigne Moustapha Mbacké invite l’Etat à sévir

La volonté de l’Etat de mettre fin à la mendicité des enfants dans le pays n’est pas une guerre contre l’Islam, ni contre quelqu’un, selon Serigne Moustapha Bassirou Mbacké
Sérigne Moustapha Bara Mbacké
. Il invite le Pouvoir à prendre des mesures contraignantes pour sortir les petits des griffes de leurs exploitants, quitte à les récupérer et les placer dans les Daaras classiques.

Par Mamadou Lamine BA

« Quand l’Etat interdit la mendicité, il ne s’attaque ni à la religion, ni à un maitre coranique. Il n’exige non plus de renvoyer les gens vers les zones rurales. C’est juste qu’il n’est plus acceptable et tolérable d’exploiter économiquement des enfants par des adultes sans scrupule. Nous ne sommes plus dans cette époque », a soutenu Serigne Moustapha Bassirou Mbacké.

Il appelle les ces maitres coraniques à chercher de quoi se nourrir et faire manger ces enfants sans les exploiter comme des esclaves. « J’invite l’Etat à prendre des mesures dissuasives et contraignantes pour revaloriser l’image du Sénégal. La majorité des maitres coraniques qui exploitent ces petits enfants sont des non sénégalais… Il y va de l’image de notre pays », a-t-il affirmé.

Pour lui, la maltraitance et l’exploitation d’un individu, qui plus est un gamin, sont  révolues. On peut enseigner sans peiner. « On ne peut pas éviter entièrement la fatigue parce le savoir ne s’acquiert pas dans la facilité. Le Coran est la parole de Dieu… L’inculquer à quelqu’un nécessite des efforts mais pas le soumettre à des conditions inhumaines et insupportables », a-t-il exprimé. 

Il propose la récupération des enfants utilisés par des maitres coraniques et leur placement dans les Daaras classiques. « A Cokki, à Touba, à Médina Baye, à Kossy, à Tayba Niasséne, à Tivaouane, à Médina Gounasse, au  Fouta, entre autres endroits où il y a de grandes écoles coraniques, les enfants ne sont pas soumis  à ces labeurs », a soutenu Serigne Moustapha Mbacké.  

Pour lui, s’installer dans la capitale, à tout prix, sans moyens ni logements, cache des ambitions. « Moi, j’ai appris dans la campagne. On cultivait les champs et on vivait de ce qu’on récoltait. Les travaux étaient bien répartis, en fonction de l’âge. Nous, par exemple, ne portions que l’eau aux champs. Les grands talibés cultivaient la terre », renseigne le Mbacké-Mbacké.

Les gens, à son avis, ne peuvent plus, surtout dans une ville comme Dakar, de voir souffrir des enfants.  « On peut, à la limite, demander une aide au gouvernement. Mais si tout le monde fait autant, ça ne pourra pas prospérer », avance t-il, tout en se démarquant des adultes qui « envoient des enfants quémander cent, deux cent francs à d’autres adultes dont certains ne se privent pas de les abuser ».

M. Mbacké a affirmé qu’il y a plusieurs façons de mendier, rappelant qu’on faisait mendier les petits talibés parce qu’il n’y avait pas assez à manger chez le maitre ou pour l’éduquer, afin qu’il ne se croît pas plus important que ses semblables… Ce que l’on constate à Dakar, à son avis, avec des enfants de moins de trois ans qui mendient  tous les jours, côtoyant des dangers, n’est pas acceptable. 

« La mendicité n’était pas pratiquée pour se remplir les poches. On demandait de quoi manger et on se le partageait dans la daara puis on retournait à nos tablettes pour apprendre…Je ne suis pas d’accord avec ça parce que Serigne Touba ne l’a pas fait et ne l’a jamais recommandé. Envoyer un enfant cherché de l’argent n’est pas une pratique tolérable », martèle M. Mbacké.

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