samedi 18 janvier 2014

SILENCE: « Les forces » tirent sur les élèves en Casamance

Par Mamadou Lamine BA     
Elèves en fuite après des tirs de l'armée

Les 16 Janvier. Journées noires pour les élèves et étudiants de la région de Ziguinchor, et au-delà de la Casamance ? Les coïncidences sont trop visibles pour démentir, du moins sur le plan des dates, la thèse. Le lundi 16 janvier 2012, un étudiant d’origine bissau-guinéenne, Jean-Michel Mayba Cabral, a été tué par balles à Ziguinchor, lors d’une manifestation d’élèves et d’étudiants.

Ce matin, des élèves des trois lycées de la commune Ziguinchor, en mouvement, avaient décrété 48 heures de grève renouvelables à l’issue de leurs assemblées générales et avaient été rejoints par de nouveaux bacheliers non alors orientés pour aller déloger les élèves des écoles publiques, privées et de formation. Ils se rendaient donc au collège Tété Diadhiou pour sortir leurs cadets.

Jean venait de terminer son petit déjeuner dans une gargote devant le siège de la Sde dans le centre ville, vers 10h. Un militaire avait ouvert le feu sur les élèves et la balle, après avoir frôlé la cuisse de la vendeuse de petit déjeuner, est allée se loger dans le buste de l’étudiant non sénégalais, alors en 2ème année, dans un institut de formation professionnelle de la place.

La seule raison de cette bavure évoquée, à l’époque, était que les manifestants s’étaient trop rapprochés du domicile du colonel de la zone militaire numéro 5, à une centaine de mettre des lieux où est tombé la victime, qui succombera à ses perforations abdominales causées par balles, aux environs de seize heures, au centre hospitalier régional.

La famille du défunt étudiant en avait, alors, joué la carte de l’apaisement en acceptant « le destin », aidé en cela par le vice consul de la Guinée Bissau à Ziguinchor, Louis Corréa. L’étudiant fut rapatrié dans son pays natal et enterré comme l’a voulu sa maman qui avait fait le déplacement à la capitale du sud, le lendemain du drame.

Le matin du vendredi 13 Décembre 2013, des incidents ont éclaté au collège d’enseignement moyen (Cem) de Djirédji, chef lieu de communauté rurale dans le département de Sédhiou, dans la même région. Tout est parti, après que les élèves ont tenus une assemblée générale au sein dudit collège pour réclamer de l’eau potable et de l’électrification dans leur établissement.

Les potaches avaient, selon le principal, séquestré les enseignants dans le bloc administratif et ces derniers « craignaient pour leur sécurité ». Il avait appelé la police, qui montait la garde devant la sous préfecture, pour les secourir. Celle-ci ouvrira, là aussi, le feu et blaisera trois (3) élèves dont deux (2), gravement. Ils seront acheminés à Ziguinchor pour soins. L’un a perdu un membre.

Le sous-préfet, la police et le principal se sont rejetés la responsabilité de l’acte, chaque partie se déchargeant sur l’autre. A ce jour, pas de sanction, serait elle exemplaire, sinon que les coupables des tirs ont été rappelés à la base militaire de Ziguinchor, pour amuser la galerie ? Les éléments de la Brigade de gendarmerie de la localité mènent l’enquête jusqu’à ce jour.

Ce jeudi, 16 janvier, c'est une nouvelle bavure de l'armée qui s'est produite à Oulampane, au nord du département de Bignona, dans la région de Ziguinchor. Ici aussi, l’armée a appuyé sur la gâchette sur des élèves qui manifestaient. Deux des trois élèves blessés seront acheminés à Bignona, puis à Ziguinchor, d’où ils seront évacués par avion militaire, preuve de la gravité des blessures.

Ils avaient barré la route nationale n°5 pour réclamer un professeur de philosophie, de l’électricité et de l’internet entre autres, dans l’école. Le colonel Abou Thiam, directeur de la Dirpa, dit regretter ces incidents et affirme qu’une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités. Une enquête de plus ? Pendant que les premières sont toujours en cours, sans conclusion.

Dans la nuit  du mercredi 1er Novembre 2006 au jeudi, des Baay Fall supposés être des disciples de Serigne Modou Kara Mbacké avaient investi et saccagé la Brigade de Gendarmerie de Darou pour libérer deux des leurs, en garde-à-vue. Lors de cette opération, des portes ont été défoncées, du matériel informatique saccagé, le poteau qui tenait le drapeau national arraché et les deux « Baay Fall » libérés.

Des exemples de ce genre, il y’en a eu plusieurs dans le pays depuis l’an 2000. Mais le constat est que l’armée et la police sont plus promptes à appuyer sur la gâchette en Casamance qu’ailleurs. Ça suffit. L’Etat a le devoir régalien de veiller à la sécurité de tous les citoyens du Sénégal, quel que soit leur lieu d’habitation. Le prétexte de « région rebelle » ne marchera plus pour justifier les deux poids deux mesures. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire