Par Mamadou Lamine BA
Les cantines qui longeaient le « couloir de la
mort », officiellement « la route de l’université »,
séparant les
campus pédagogique et social de l’université Cheikh Anta Diop, ont été démolies
ce samedi matin. L’opération s’est déroulée sous la supervision des autorités
préfectorales et municipales de Dakar. Toutes les cantines ont été réduites en
débris, ramassés et chargés dans un camion.
| Opération de nettoiement de la voie |
Les tabliers et cantiniers ont pu sauver leurs marchandises
à l’arrivée du bulldozer. Bouna Fall, détenteur d’une petite cantine, reconnaît
que leur présence sur cette voie est illégale et que leur déguerpissement ne
doit pas faire l’objet de polémique, déclinant notre invitation à se prononcer
sur l’affaire. « On ne peut pas s’y opposer même si ça fait mal au cœur de
vivre ça ».
Assane, propriétaire d’un multiservice, dit avoir reçu une
sommation le lundi, les invitant à quitter les lieux dès réception du document.
« Nos délégués sont allés à la mairie où un agent les a dit que la mesure
concernait l’avenue cheikh Anta Diop. Ce matin,
nous avons vu débarquer des autorités et des policiers. Ils ont tout de
suite commencé à détruire les tables et les cantines », narre t-il.
L’adjoint au préfet a, quant à lui, tout simplement refusé
de se prononcer. « Je n’ai pas de déclaration à faire. Regardez ce
qui se passe et écrivez ce que vous voulez », nous a-t-il répondu d’un ton inélégant,
hâtant le pas vers le bulldozer en action, devant les regards médusés des
passants. A 10 :45mn, il instruit à la police de dégager les gens
pour éviter tout attroupement.
Serigne Diop, ancien étudiant sans emploi, âgé de 33 ans,
qui faisait des impressions, reliure, scanners et autres services, affirme que
c’est la mort dans l’âme qu’il assiste à la destruction de sa cantine. Il
confirme avoir reçu une sommation datée d’octobre 2013, concernant l’avenue
Cheikh Anta Diop. Il admet aussi s’être
installer de manière illégale sur cette voie.
Il soutient que Khalifa Diagne, agent du Centre des Oeuvres Universitaires de Dakar (Coud) a fait une sortie affirmant que les cantines
dédiées aux vendeurs sortis du campus étaient achevés et que les concernés peuvent
y retourner et exercer leur travail. Alors qu’elles sont, visiblement, toujours
en construction. Ce qui, selon lui, est une manipulation de l’opinion.
Anta Sarr, étudiante en 3ème année à la faculté
des lettres et sciences humaines, accepte le principe malgré elle. « L’occupation
anarchique de la voie publique est inacceptable. On ne peut pas, quelque soit
la raison évoquée, s’installer partout dans nos villes, avec une image négative
», a-t-elle relevé, « même si nous devrons nous déplacer pour payer
certaines choses ».
Cette rue était occupée des deux bords, par des cantiniers,
tabliers, restaurateurs, laveurs de véhicules, vendeurs de café, de matériels
et consommables informatiques, des bouquinistes, entre autres acteurs, à même
d’obliger les piétons de se partager la chaussée avec les motocyclistes et
automobilistes, constituant un danger pour les usagers.
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